Culture

Fabriquer ses engrais.




     Le montant du budget des engrais est forcément différent selon la quantité et la taille des arbres que l'on possède. Dans le cas d'une petite collection ou d'une préférence des mame ou shohin, le coût annuel pour la fertilisation sera sans doute suffisamment raisonnable pour s'autoriser l'achat d'engrais spécial bonsaï. Qu'ils soient de fabrication "ben d'chez nous" ou de provenance plus "exotiques", ces produits auront le point commun d'être de bonne qualité certe  ... mais aussi d'être vendu au prix du kilo de tournedos !




     Pour ma part, la problématique est différente. J'ai une collection qui ne cesse de s'agrandir et mes arbres sont souvent de grande dimension. De plus, ce sont en majeure partie des sujets en culture croissance que je dois nourrir  ... comme un groupe d'ados qui rentrerait de la piscine !

    Donc, oublié le tournedos, il m'a vite fallu passer à la fabrication de mes propres engrais. Quand je dis fabrication j'entends "formulation et mise en forme". Pas question d'aller réinventer des substances déjà existantes.

     L'intérêt de fabriquer mes engrais, en dehors du coût très raisonnable, étant alors d'ajuster les équilibres NPK aux besoins propre de mes cultures, et de mettre sous forme différente des poudres colmatantes pour les substrats drainants, si elles étaient étendues tel quel.

    Voici donc en images la fabrication de mes engrais organiques, effectuée chaque début de saison depuis quelques années maintenant. La méthode présentée ici n'est pas nouvelle, elle est même pratiquée par de nombreux bonsaï-ka. Alors à défaut  d'être novateur, j'ai voulu ce petit reportage démonstratif de la simplicité, de la rapidité et de l'intérêt économique du principe ... et d'affirmer au passage ma préférence pour la pièce de boeuf !!

Bon mélange à tous !



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    Première étape, je défini l'équilibres NPK que je souhaite réaliser.
Pour cela, j'ai élaborer une feuille de calcul à l'aide d'un tableur Excel. Dans ce tableau je saisi la quantité totale d'engrais à réaliser et la valeur NPK des différents éléments. Une fois rempli, il ne me reste plus alors qu'à faire varier les pourcentages des composants jusqu'à obtenir la formulation souhaitée. Le tableur calcule alors le poids de chacun des éléments à mélanger. 






               Voici à titre d'exemple les produits que j'ai utilisés cette année.
     (Le composant 3 qui n'apparaît pas était un restant d'engrais organique de                   marque Fertiligène Naturen dont je n'ai plus la fiche technique)



COMPOSANT 1


COMPOSANT 2



COMPOSANT 4






   je  pèse ensuite chaque composant suivant les valeurs indiquées dans le tableau.
Les granulés de lapins sont utilisés pour faire le liant de la préparation (afin que les boulettes ne se délitent pas à l'arrosage). Je choisis toujours des granulés avec la composition la plus basique possible. Ils n'apportent vraisemblablement aucun élément nutritif (quoique) et entre donc comme matière neutre dans calcul du NPK général  qui s'en trouve logiquement abaissé. 






Afin d'obtenir un mélange le plus homogène possible, je brasse l'ensemble des éléments de la composition dans un grand contenant. 






Je transfert ensuite se mélange à sec dans des seaux que je ne rempli qu'à 70% afin de laisser la place au produit de gonfler une fois mouillé. 






   J'ajoute ensuite l'eau et je brasse énergiquement. J'introduis personnellement quelques gouttes de Superthrive dans l'eau (2gts/litre). la quantité d'eau est variable selon les composants utilisés. Disons que pour ce premier mouillage il faut obtenir une consistance béchamel. Je referme ensuite les seaux que je laisse reposer 24 h, le temps que les granulés de lapins gonflent et se défassent.






En attendant, je prépare les moules. 
J'utilise pour cela des couvercles de bidons métalliques. Ils ont des rebords qui permettent de réaliser des galettes d'une épaisseur de 10 à 15 mm. Je les recouvre d'un plastique découpé a dimension pour faciliter le démoulage. 






24h après le premier mouillage je reprend donc mes seaux. 
Les mélanges ont gonfler, les granulés sont bien défait et j'effectue alors un second ajout d'eau afin d'amener le produit à la consistance pâte à tarte que je répartis ensuite sur les plateaux. 






Une fois étalé grossièrement, je pulvérise de l'eau en surface pour faciliter la finition. Je laisse ensuite reposer 24 à 48 heure, suivant la température ambiante, le temps que la pâte sèche un peu avant la découpe.






A la suite de ce premier séchage, je peux enfin découper les carrés d'engrais. Je fais cela avec un couteau à enduire que je mouille régulièrement pour éviter qu'il n'adhère à la pâte. A cette étape, les carrés se touchent encore, mais avec l'évaporation ils se rétracterons et se sépareront naturellement.

Il ne reste plus maintenant qu'à laisser sécher.







Le séchage peu durer entre 1 semaine et quinze jours suivant la température et l'hygrométrie. Il est toujours mieux d'avoir un séchage lent afin que l'engrais ne se fissure pas par une évaporation de l'eau trop rapide. De même il est préférable de laisser l'engrais sécher " à coeur" afin d'éviter qu'il ne parte en moisissure durant son stockage en seaux fermé. Ainsi, l'engrais bien sec peut se conserver des années, isolé de humidité.






Une petite variante, j'utilise des porte-bougies comme moule pour réaliser des "cookies" d'engrais plus design pour mes rares arbres en poteries bonsaï !!!

 Je perce ces supports plastique afin de pouvoir piquer les cookie à mi-séchage dans le but de passer la future épingle de fixation. Ce trou aide également à l'extraction des cookies qui adhèrent parfois. 







Voilà, voilà tout est dit ! Reste plus qu'à passer chez le boucher commander la cote de boeuf !!! 

Bon appétit.


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Code couleur.



    Ces dernières années, ma collection d'arbres à bien vite augmentée. Passant d'une poignée de sujets, je me suis vite retrouvé à la tête de plusieurs dizaines d'arbres. Jusque la, rien de bien surprenant,  voilà classiquement le syndrome du bonsaïka qui accumule !

   En parallèle de cette boulimie, mes humbles compétences de "cultivateur d'arbres en pots" ont heureusement un peu progressé et j'ai très vite commencé à définir des programmes de fertilisations différents, en fonction des projets et des objectifs fixés pour chacun de mes arbres. 

      Le problème c'est alors vite posé : comment suivre des plans de culture différents avec une cinquantaine de sujets  en travail ? Comment s'organiser pour ne pas perdre le fil ? "celui la est en reprise", "celui ci est en culture forte croissance" , "cet autre en stade de ramification" etc .... 


     Il me fallait une solution  !




     Pour faire face à ce problème, j'ai alors élaboré un système de codes couleurs  afin de rattacher  chacun de mes arbres à un programme de fertilisation préalablement défini :


GRIS Culture Reprise - VERT Culture douce - JAUNE Culture croissance - ROUGE Culture Booster

              
   J'ai ensuite matérialisé la correspondance "arbre/programme" en utilisant des rondelles peintes à la couleur du type de culture choisi. Ces repères colorés, sont posés sur les substrats. Ainsi, bien visibles, ils identifient, en terme de culture, chaque sujet.

     En parallèle, j'ai établi un calendrier, tel une feuille de route reprenant les quatre couleurs (programmes) et indiquant les produits et leurs fréquences d'applications. Ainsi je peux suivre plus facilement la mise en oeuvre de mes schémas de culture.


    


     Le système n'est pas figé bien sur, car il n'est pas question de gérer la fertilisation de manière rigide et systématique. J'utilise cet outil comme un guide.

   L'observation des arbres, leur santé, les variations de climat, les interventions de travail peuvent me faire sortir temporairement un sujet de son programme de culture pour une gestion particulière .... en fonction de son avancement, je peux aussi décider de changer un arbre de code couleur pour le restant de la saison  .... ou décider de modifier le programme d'une catégorie .... etc

   En résumé, voici un outil simple et pratique qui m'offre dorénavant une bonne clarté sur mon modes de culture, et outre le fait qu'il m'évite de m'égarer dans différents schémas, cette nouvelle facilité de suivi m'a ouvert à plus de variété de produits dans ma fertilisation et des applications plus  précises.




Bref que du bonheur !!!